J'essuie les affronts de la peur
Je me tiens debout au couchant
J'ai guerroyé, fais des erreurs
Mais je suis droit depuis longtemps
Que tu le nommes simple troufion,
Hussard, fantassin, soldat
Il est de toutes les guerres
Et ce sera toujours moi.

Je voulais pas servir mon pays
Par patriotisme à la con
Si j'ai fait ça c'est pour ma gueule
Et mes réflexes de lion
Je suis le boulanger, l'ami, le frère et la putain
Mais je voulais partir à la guerre
Par un temps clair
Un beau matin
J'ai perdu ma libido
Le long de longues marches
Et j'ai perdu mon cerveau
Le long de longues prêches
Du légionnaire je suis la hache
Quand du génie je suis la bêche
Je suis silencieux comme l'apache
J'annonce la douleur comme sa flèche
Je vais plonger les griffes dans le sang
Je vais cesser d'être innocent
J'ai déjà mis les mains dans la merde
Je verrai où cela m'emmène
Enfermé dans mes propres peurs
Le roseau s'est bien trop plié
Nourri par malheur
Le feu coule du robinet

Sombrent les images


Sombre héros usé par le temps
Sobre est la galerie des glaces
On a connu affront plus grand
Ma vie crade est chère
Je la bicrave pour de la gomme
Je l'habille de lambeaux de chair
Que le plus violent me l'harponne
Je suis perdu depuis longtemps
Depuis longtemps dans l'enfer
Au service plus qu'à mon tour
En suivant la voie de mes frères
J'apporte une parole
Faisant foi de feu sanguinaire
Abruti par un proctologue
A qui l'on donna chair


Partie 2 : Où l'on apprend que le héros se blesse


Bien sûr je fût blessé
Quelques blessures, beaucoup de plaies
De celles qui ne se referment pas
De celles qui ne guérissent jamais
Analmicalement vôtre
La douleur est phénoménale
Une bullet passe par le cerveau
La cervelle passe par le trou de balle
Poussé par les vents
Bien servi par le passé
J'ai souvent paressé mon temps
En entrainant ma pensée
Ignorez-vous la souffrance ?
Notre mémoire est sélective
Notre douleur est invisible
Notre esprit marche à l'endurance
Giflé en Sicile
Par le général Patton
Nigaud ne nage pas mais patauge
En montrant corps indivisible
Je veux sucer le goût de la victoire
Je suis Jean moulin dans sa baignoire
J'ai mis mon sceau sur ma baraque
Devinez quoi ? Killroy is back


Partie 3 : Où l'on apprend que le héros meurt.


Maintenant que le ciel s'assombrit
Maintenant que les vagues s'amoncellent
Maintenant que nos cerveaux divaguent
Maintenant que les ours n'ont plus de miel
Les fleurs du passé s'ouvrent à moi
Enfin je ressens quelque chose
La fin des peurs, les fins de mois
Et les prémices promis d'une pause
Et si j'oublie toutes mes envies
Je n'aurais pas vécu
Si je m'aperçois qu'écus ne payent
Je n'aurais pas vécu
Car si je ne dors pas toutes les nuits
Comment pourrais-je me laisser vivre
Quand la source n'aura plus d'eau vive
Je m'avouerai vaincu.